Les Universaux existent dans l'esprit comme Idées, avant toute connaissance concrète.
Ils constituent le contenu de l'esprit divin. Ces abstractions semblent considérer les
choses séparément, mais l'intelligence n'a de valeur que si elle voit les concepts non séparés des choses.
L'objet premier est le langage, non le réalisme. Il faut appliquer la logique dialectique aux propositions grammaticales.
La question de l'universel se pose dans le langage, mais non dans la grammaire. S'il est grammaticalement correct de dire
« l'homme est une pierre »,
le prédicat « pierre » n'est pourtant pas
applicable au mot « homme ».
« Nulle chose, nul ensemble de choses, ne peut être prédicat d'une pluralité
de sujets pris un à un, ce qu'implique pourtant la propriété de l'universel. »
Chaque homme pris à part est une « chose », il est
donc entièrement distinct des autres, par son
« essence
[matière] »
et par ses « formes ». Toutefois tous les hommes
« conviennent »,
« se rencontrent »
(conveniunt) en ce qu'ils sont des hommes. En quoi se fait cette rencontre, ou
convenance ? Non pas « dans l'homme »,
cette réponse réaliste à la question est inacceptable. Ils se
« rencontrent dans l'être-homme »
(in esse hominem), qui n'est pas une chose,
« ils sont semblables en cela, qu'ils sont des hommes »
— ce qui n'évoque aucune « essence »,
essentia, au sens qu'on a remarqué plus
haut [matière] : rien donc qui existe.
L'être-homme, c'est ce qu'on peut appeler aussi
« le statut d'homme »
(status hominis),
« ce qui est situé dans la nature de l'homme »,
et dont la perception a fondé l'institution du nom universel homme.
[...] L'universel n'est pas une chose, c'est un mot. Il n'est pas du ressort du grammairien, mais du
dialecticien : l'universel est un prédicat, on n'attribue pas au hasard n'importe quel prédicat
à n'importe quel sujet. Cette attribution a donc un fondement qui ne saurait être une chose :
le fait d'être homme, ou l'être-homme, un statut, un état.
[...] L'universel est l'objet de deux connaissances différentes : celle qu'en a l'homme, celle
qu'en a Dieu. À l'homme, un nom universel fait « concevoir l'image commune et confuse d'une
multiplicité ». Mais Dieu, le Créateur, a une
« intelligence véritable », car il
« distingue en eux-mêmes les statuts
singuliers » ; il
« conçoit d'avance la forme exemplaire de la chose qu'il veut
produire ».
Pour Dieu, le concept universel « homme »
est clair dans son plan. Pour la personne, ce même concept est flou par sa multiplicité.
* * *
Le péché n'occasionne aucun dommage à Dieu puisqu'il est puissance suprême. Pécher c'est mépriser Dieu en faisant ou omettant de faire
ce que nous croyons être notre devoir envers lui.
Du point de vue éthique, le comportement extérieur est, en tant que tel, moralement indifférent.
C'est uniquement l'intention ou la conviction qui compte.
|